Маленький принц. Уровень 1
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автордың кітабын онлайн тегін оқу  Маленький принц. Уровень 1

Антуан де Сент-Экзюпери
Маленький принц / Le Petit Prince. Уровень 1

© Бакаева С. А., Долгорукова Н. М., подготовка текста, упражнения и словарь

© Потокина А. М., комментарии

© ООО «Издательство АСТ», 2020

À Léon Werth.

Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié[1] ce livre à une grande personne. J’ai une excuse sérieuse: cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse: cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J’ai une troisième excuse: cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a besoin d’être consolée[2]. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace:

À Léon Werth

quand il était petit garçon.

I

Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la forêt vierge qui s’appelait Histoires vécues[3]. Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve.

On disait dans le livre: «Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion».

J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j’ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro 1.

J’ai montré mon chef-d’œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur.

Elles m’ont répondu: «Pourquoi un chapeau ferait-il peur?»

Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant. J’ai alors dessiné l’intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre[4]. Elles ont toujours besoin d’explications.

Les grandes personnes m’ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m’intéresser plutôt à la géographie, à l’histoire, au calcul et à la grammaire. C’est ainsi que j’ai abandonné, à l’âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. J’avais été découragé par l’insuccès de mes dessins[5]. Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours leur donner des explications…

J’ai donc dû choisir un autre métier et j’ai appris à piloter des avions. J’ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie, c’est exact[6], m’a beaucoup servi. Je savais reconnaître[7], du premier coup d’œil, la Chine de l’Arizona. C’est utile, si l’on s’est égaré pendant la nuit.

J’ai ainsi eu[8], au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens sérieux. J’ai beaucoup vécu[9] chez les grandes personnes. Je les ai vues[10] de très près. Ça n’a pas trop amélioré mon opinion.

Quand j’en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide, je faisais l’expérience sur elle de mon dessin n°1 que j’ai toujours conservé. Je voulais savoir si elle était vraiment comprehensive. Mais toujours elle me répondait: «C’est un chapeau». Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à sa portée[11]. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable…

II

J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s’était cassé[12] dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours.

Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait:…

«S’il vous plaît… dessine-moi un mouton!

– Hein!

– Dessine-moi un mouton…»

J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre[13]. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement.

Je regardai[14] donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée. Quand je réussis enfin à parler, je lui dis:

«Mais qu’est-ce que tu fais là?»

Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse:

«S’il vous plaît… dessine-moi un mouton…»

Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât[15] à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai alors que j’avais surtout étudié la géographie, l’histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me répondit:

«Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton».

Comme je n’avais jamais dessiné un mouton je refis, pour lui, l’un des deux seuls dessins dont j’étais capable. Celui du boa fermé. Et je fus stupéfait d’entendre le petit bonhomme me répondre:

«Non! Non! Je ne veux pas d’un éléphant dans un boa. Un boa c’est très dangereux, et un éléphant c’est très encombrant. Chez moi c’est tout petit. J’ai besoin d’un mouton. Dessine-moi un mouton».

Alors j’ai dessiné.

Il regarda attentivement, puis:

«Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre».

Je dessinai:

Mon ami sourit gentiment, avec indulgence:

«Tu vois bien… ce n’est pas un mouton, c’est un bélier[16]. Il a des cornes…»

Je refis[17] donc encore mon dessin:

Mais il fut refusé[18], comme les précédents:

«Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps».

Alors, faute de patience[19], comme j’avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai une caisse. Et je lançai:

«Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans».

Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge:

«C’est tout à fait[20] comme ça que je le voulais! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton?[21]

– Pourquoi?

– Parce que chez moi c’est tout petit…

– Ça suffira[22] sûrement. Je t’ai donné un tout petit mouton».

Il pencha la tête vers le dessin:

«Pas si petit que ça… Tiens! Il s’est endormi…»

Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince.

III

Il me fallut longtemps pour comprendre d’où il venait. Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à peu, m’ont tout révélé. Ainsi, quand il aperçut[23] pour la première fois mon avion (je ne dessinerai pas mon avion, c’est un dessin beaucoup trop compliqué pour moi) il me demanda:

«Qu’est ce que c’est que cette chose-là?

– Ce n’est pas une chose. Ça vole. C’est un avion. C’est mon avion».

Et j’étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s’écria:

«Comment! tu es tombé du ciel!

– Oui, fis-je modestement.

– Ah! ça c’est drôle…»

Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m’irrita beaucoup. Je désire que l’on prenne mes malheurs au sérieux[24]. Puis il ajouta:

– Alors, toi aussi tu viens du ciel! De quelle planète es-tu?

J’entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j’interrogeai brusquement:

– Tu viens donc d’une autre planète?

Mais il ne me répondit pas. Il hochait la tête doucement tout en regardant mon avion:

– C’est vrai que, là-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin…

Et il s’enfonça dans une rêverie qui dura longtemps. Puis, sortant mon mouton de sa poche, il se plongea dans la contemplation de son trésor.

Vous imaginez combien j’avais pu être intrigué par cette demi-confidence sur «les autres planètes». Je m’efforçai donc d’en savoir plus long[25]:

– D’où viens-tu mon petit bonhomme? Où est-ce «chez toi»? Où veux-tu emporter mon mouton?

Il me répondit après un silence méditatif:

– Ce qui est bien, avec la caisse que tu m’as donnée, c’est que, la nuit, ça lui servira de maison.

– Bien sûr. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l’attacher pendant le jour. Et un piquet».

La proposition parut choquer le petit prince:

«L’attacher? Quelle drôle d’idée!

– Mais si tu ne l’attaches pas, il ira[26] n’importe où, et il se perdra[27]…»

Et mon ami eut un nouvel éclat de rire:

– Mais où veux-tu qu’il aille!

– N’importe où. Droit devant lui…[28]

Alors le petit prince remarqua gravement:

– Ça ne fait rien, c’est tellement petit, chez moi!

Et, avec un peu de mélancolie, peut-être, il ajouta:

– Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin…[29]

Quelque chose s’était cassé – Что-то сломалось (предпрошедшее время (Plus-que-parfait). «Se casser» – возвратный глагол, поэтому в прошедшем времени спрягается с глаголом «être».)

Comme si j’avais frappé par la foudre – как если бы меня ударила молния

Je regardai – Я посмотрел (здесь и далее часто используется форма Passé simple, характерная для книжной речи. Переводится так же, как глаголы в Passé composé).

Aussi absurde que cela me semblât – Каким бы нелепым мне это ни казалось… («semblât» – форма сослагательного наклонения прошедшего времени (imparfait de subjonctif) глагола «sembler».)

Je les ai vues – Я видел их… («vues» – форма причастия прошедшего времени (participe passé) глагола «voir» – согласовано в роде и числе с местоимением «les» т. к. оно предшевствует глаголу.)

Je me mettais à sa portée – я приспосабливался к его понятиям.

…ce n’est pas un mouton, c’est un bélier – …это не барашек, это большой баран (здесь употреблены два слова-синонима – bélier и mouton, – имеющие различные оттенки значений).

Je refis… – Я переделал… (Passé simple от глагола refaire.)

Mais il fut refusé… – Но он был отвергнут… («fut» – Passé simple от глагола «être», пассивная конструкция)

faute de patience – теряя терпение

… quand il aperçut… – … когда он заметил… (Passé Simple от глагола «apercevoir». Перед гласными – a, – o, – u «c» заменяется на «ç» и произносится как [s].)

Je désire que l’on prenne mes malheurs au sérieux. -

Я хочу, чтобы мои несчастья принимали всерьёз.

Je m’efforçai donc d’en savoir plus long. – Тогда я попытался узнать об этом больше.

…il ira… – …он пойдёт…(Futur Simple от глагола «aller».

C’est tout à fait – именно так

Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton? – Думаешь ли ты, что этому барашку понадобится много травы? (Qu’il faille – сослагательное наклонение – Subjonctif – глагола «falloir»)

Ça suffira… – Этого будет достаточно… (Futur Simple от глагола «suffire»)

et il se perdra – он потеряется (Futur Simple от глагола «perdre».)

Droit devant lui… – Прямо. Куда глаза глядят…

Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin… – Идя прямо, куда глаза глядят, далеко не уйдёшь…

afin que les grandes personnes puissent comprendre – чтобы взрослые могли понять. (puissent – сослагательное наклонение (Subjonctif) от глагола «pouvoir»).

Histoires vécues – «Правдивые истории».

c’est exact – это так; всё верно.

J’avais été découragé par l’insuccès de mes dessins. – Я был разочарован, потерпев неудачу с рисунками. (avais été découragé – предпрошедшее время (Plus-que-parfait), пассивный залог.)

J’ai ainsi eu – таким образом, у меня было… (eu – форма причастия прошедшего времени (participe passé) глагола «avoir»)

Je savais reconnaître – я умел отличить. Savoir + infinitif – мочь что-то делать, уметь что-то делать

J’ai beaucoup vécu… – Я много прожил… (vécu – форма причастия прошедшего времени (participe passé) глагола «vivre»)

Elle a besoin d’etre consolée – Он (взрослый человек – grande personne ж.р.) нуждается в утешении.

avoir dédié – инфинитив прошедшего времени (infinitif passé). Возможный перевод: «Я прошу прощения у детей за то, что посвятил…».

IV

J’avais ainsi appris une seconde chose très importante: c’est que sa planète d’origine était à peine[30] plus grande qu’une maison!

Ça ne pouvait pas m’étonner beaucoup. Je savais bien qu’en dehors des grosses planètes comme la Terre, Jupiter, Mars, Vénus, auxquelles[31] on a donné des noms, il y en a des centaines d’autres qui sont quelquefois si petites qu’on a beaucoup de mal à les apercevoir au télescope[32]. Quand un astronome découvre l’une d’elles, il lui donne pour nom un numéro. Il l’appelle par exemple: «l’astéroïde 325».

J’ai de sérieuses raisons de croire que la planète d’où venait le petit prince est l’astéroïde B 612. Cet astéroïde n’a été aperçu qu’une fois au télescope, en 1909, par un astronome turc.

Il avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à un congrès International d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru[33] à cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça.

Heureusement pour la réputation de l’astéroïde B 612, un dictateur turc imposa à son peuple, sous peine de mort[34], de s’habiller à l’européenne. L’astronome refit sa démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et

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